Patricia Darré, médium pieds sur terre
Patricia DARRE (Photo Rémy Artigues)
Cette animatrice radio résolument pragmatique, rencontre un grand succès en tant… qu’intermédiaire avec les morts.
Les «entités» peuvent être une tannée, mal lunées, «désagréables, impatientes, goujates». Dans ces cas-là, Patricia Darré leur balance : «Revenez quand vous serez mieux.» Oscar Wilde, «hyperintelligent mais incroyablement infatué», y a eu droit. Il est revenu par la photocopieuse : «J’ai trouvé une photo de lui au beau milieu de résultats sportifs qu’imprimait mon fils. Il faisait coucou !» Napoléon, lui, est «brillant, charismatique, extrêmement séduisant, dragueur». Au-delà de l’autoritaire et possiblement misogyne, aussi. Du genre à persifler : «Un cheval m’eut été plus utile que toi.» Patricia Darré l’a eu sur le dos six mois, vu qu’il l’avait choisie comme intermédiaire avec ses descendants. Elle prenait alors «un accent corse», parlait «façon XVIIIe». Mais bon, Patricia Darré ne fait pas que dans le people lettré et médaillé. Ses visiteurs peuvent être la femme d’à côté ou des étrangers dont elle comprend à peine la langue. Tous ont ceci en commun : ils sont morts, parfois depuis un bon bail, mais un truc les tarabuste et ils utilisent la dame comme vecteur d’une ultime volonté de communiquer. Le boulot fait, ils sont censés accéder à la sérénité et lâcher enfin l’affaire (la vie et les vivants qu’ils parasitent, donc). Rideau pour de bon. Patricia Darré est médium. A succès. Ses livres s’écoulent à plus de 50 000 exemplaires, ses séances de signatures font le plein jusqu’à refuser du monde.
C’est pratique : Patricia Darré anticipe d’elle-même les mesquines pensées qui nous traversent. «Folle, cinglée, mythomane : je conçois très bien qu’on puisse penser ça de moi. D’ailleurs, je suis souvent la première gênée, d’aller voir les gens et de leur dire : "’Ecoutez, je suis médium, et il y a quelqu’un qui souhaite vous parler…"» Elle hausse les sourcils, fait des yeux (noisette) ronds comme des billes, elle est extrêmement expressive. Solaire quoique Batwoman, en noir des pieds à la tête, ce cheveu ultracourt jais : on pense à Joan Jett, la chanteuse-guitariste des Runaways. Elle se dit «soupe-au-lait, gueularde, du genre à vite se chauffer, frontale, une guerrière et aventurière de la vie». L’admiratrice de George Sand, dont elle nous montre le château à Nohant-Vic ce jour de décembre où on la rencontre sur ses terres berrichonnes, n’a rien du serpent Kââ qui susurre «Aie confianssssss…»
Une sorcière, une présence bizarroïde capable de vous empapaouter en un regard transperçant : il est certainement possible de projeter toute cette quincaillerie de clichés sur Patrica Darré. Sa maison de Villeneuve-sur-Indre, près de Châteauroux, ferait d’ailleurs un bon décor au scénario, avec son brouillard extérieur, ses grands canapés de velours à franges, ses lustres de cristal, son feu dans la cheminée, sa tapisserie d’Aubusson, son parc, ses chats Pépito, Camomille, ses chiens Tchica et Tchoupi. «Très Miss Marple», comme elle dit. Très arsenic et vieilles dentelles alors que sa personne exsude vitalité et optimisme. Etre médium est pourtant pompant, avec des risques de «bug, d’épilepsie au-delà d’une demi-heure de connexion». Mais Darré a plus d’autonomie que n’importe quel smartphone : «Pour recharger les batteries, il me suffit d’une balade, de voir un film ou de boire un chocolat… Je suis une enthousiaste, je me lève comme ça.» 2010 a fauché son mari et sa mère. «Ça a renforcé ma nature, parce que je sais désormais le côté éphémère des choses, et que si on sait remplir la vie de rencontres et d’enthousiasmes, elle est magnifique.» Elle n’a pas refait la sienne, ne le souhaite pas. Entre visiteurs en chair et en os et entités, elle est rarement seule…
Elle a grandi dans une famille peu portée sur la croyance (père imprimeur communiste) et que gêne un brin son activité mediumnique. Elle les comprend, dit avoir d’abord pensé avoir perdu la boule, cette nuit de 1995 où elle s’est mise à remplir des pages en écriture automatique… «Affolée, j’ai consulté un psy, et, dans son cabinet, le phénomène s’est reproduit, je lui ai parlé de son père alors que je ne le connaissais ni d’Eve ni d’Adam.» Son dernier livre la voit dialoguer avec des scientifiques et laisse place au doute. Patricia Darré affirme tout de même certains trucs qui laissent bouche bée. Qu’une forme de vie continue au-delà du trépas, notamment. Les morts vaqueraient à leurs occupations, conserveraient leurs personnalités… Hum. On se dit, on lui dit, que la clé de son succès pourrait résider là : dans la négation du «point barre» complètement final. L’option rassure, pensée-doudou qui atténue la perte des autres et amoindrit la perspective de sa propre disparition. Patricia Darré nous l’accorde. Elle se veut de fait aidante, béquille, dit comme on énonce un serment : «Je ne laisse pas tomber les gens qui viennent me consulter, je prends de leurs nouvelles.» Il peut s’agir d’une famille perturbée par une entité qui fait se crasher les objets. D’une femme qui éructe façon syndrome de la Tourette mais qui est en réalité colonisée par un mort en pétard. Mais aussi de malades. Car Patricia Darré serait aussi guérisseuse… Pour notre dos en capilotade, aucun miracle n’est advenu au-delà d’une forte sensation de chaleur mais bon, elle aurait des retournements de situation à son actif, même les fermiers du coin viennent la solliciter pour des troupeaux patraques.
Ce qui est troublant : hormis le sentiment de la BA accomplie, elle n’en tire aucun profit, tout ça relève du beau geste. Patricia Darré gagne sa vie en tant qu’animatrice radio, à France bleu Berry, et s’en félicite. Elle met un point d’honneur à reverser les droits de ses livres à des associations caritatives et à œuvrer gratuitement, tacle ses coreligionnaires payants, les «simili gourous» prompts à l’abus de faiblesse sur personnes déboussolées, assure que la profession regorge de «réacs, beaucoup sont au Front national, c’est affligeant». Définitivement non mégotteuse, carrée, Darré. Y compris au plan politique. Non encartée mais résolument de gauche, électrice de Hollande avec pour seul regret «qu’il soit passé au libéralisme», «fan» de Jaurès, Blum et Mendès, «mitterrandienne pour sa grandeur dans les années 80, beaucoup de choses se sont ouvertes, comme les radios libres».
La politique, Patricia Darré l’a côtoyée de près. Son mari avocat se doublait d’un élu PS, maire de Villedieu-sur-Indre. Leur fils de 19 ans, étudiant en droit, en fait déjà à son tour, conseiller municipal sans étiquette mais de gauche. Dans un sourire mais sans donner de noms, dame Darré souligne que la classe politique est «très friande de médiums, ils meurent d’envie de savoir ce que sera leur avenir». La prédiction, le futur, ne sont pourtant pas son registre, il y a plutôt chez cette hyperprésente, très incarnée, de l’archéologue excaveuse d’un passé mal digéré. Paradoxale. Paranormale ?
Photo Rémy Artiges
Je suis fan depuis longtemps de la série Ghost Whisperer, et de son héroïne, Mélinda Gordon, capable de soulager la souffrance des vivants et des morts par la capacité qui est la sienne de communiquer avec les morts. J'ai longtemps suivi à la télévision les émissions de Lisa WILLIAMS, passionnantes.
En revenant d'un déplacement professionnel, j'écoute France Bleu PERIGORD, et j'entends que Patricia DARRE donnera une conférence le samedi 7 mars au Centre Culturel de BERGERAC. Lorsque j'ai appelé deux jours après, pour savoir s'il fallait réserver sa place, on m'apprit que c'était complet et la librairie "Histoire d'Anges" à Bergerac, qui organisait la conférence, m'a mise en liste d'attente. Deux jours plus tard, on m'appelait pour me dire que j'avais une place. Petit clin d'oeil, je ne connaissais pas cette librairie, ils ont été fort aimables et pro.
Cette conférence fut très intéressante.J'estime avoir eu de la chance de pouvoir y assister. Patricia DARRE a fait la promotion de ses dernières expériences avec des scientifiques et de son dernier livre. Elle est revenue sur ce qui fait sa vie de médium, ponctuant le tout d'anecdotes amusantes.
La conférence terminée, deux choses sont restées ancrées dans ma tête, outre le fait que la vie ne se termine pas avec la mort, et qu'au contraire, elle entre dans une autre dimension, une fois le passage de la mort effectué.
Il m'est resté ce conseil : il faut activer sa vie, si l'on veut qu'il s'y produise des choses. Ne pas attendre qu'elle vienne à soi. Jeter les bases d'une action pour qu'il s'enchaîne des évènements par la suite.
Il m'est resté aussi un autre conseil, suite à l'anecdote du revenant qui hante la mision qu'elle a achetée à côté de la sienne. Quand un revenant hante des lieux, il ne faut pas forcément le faire partir, il était là avant, et a sans doute une bonne raison d'y être (gardien des lieux ou autre). Il faut juste essayer de lui demander de vivre à ses côtés sans interférences, pour cohabiter en paix et faire avec. Pas forcément faire nettoyer les lieux. Cela n'est pas systématique, contrairement à ce que l'on pourrait croire.
Cette conférence est arrivée au bon moment. En me promenant à Périgueux rue Taillefer, je suis entrée dans une boutique ésotérique que je ne connaissais pas, "Anges et Fées", afin de voir si de nouveaux oracles attiraient ma main, et d'acheter quelques encens.
La propriétaire des lieux, fort sympathique, médium elle-même, m'a conseillé la lecture du livre de James VAN PRAAGH, le producteur à l'origine de la série Ghost Whisperer. J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre et je vous le conseille : Ces esprits parmi nous de James VAN PRAAGH.
Je ne savais pas alors que le producteur de la série, James VAN PRAAGH, était lui-même médium parmi les plus réputés aux Etats-Unis :
Un petit extrait pour ceux qui ne connaissent pas :
(l'extrait a un bug à la fin. Poussez le curseur jusqu'au terme de la vidéo. Ensuite, vous aurez accès à d'autres vidéo, dont celles de "toute une histoire" consacrée à la vie après la mort, en présence de Patricia DARRE).
J'aimerais pouvoir un jour soulager la souffrance des gens ainsi. C'est tellement beau de faire le lien entre les gens, vivants et vivants, vivants et défunts. Il faut être assez équilibré pour y résister et faire le bien.
Personnellement, la seule chose qui me fasse flipper, c'est qu'il arrive quelque chose à mes proches à cause de moi. Il ne manquerait plus que je fasse des travaux pratiques plus tôt que prévu avec mes amours.
Je pense la chose prenante, émotionnellement riche. Si je découvrais ces capacités en moi un jour, j'aimerais me rapprocher de ce qu'une Lisa Williams fait aux Etats-Unis :
Quoi qu'il en soit, profitez de la vie et de ceux qui peuplent la vôtre. Elle est tellement courte.
Bonne journée !